Yeruldelgger, de Ian MANOOK
Cinq ans plus tôt, Kushi, la fille de l'inspecteur Yeruldelgger a été enlevée et assassinée pour l'obliger à abandonner une enquête sur la corruption liée au rachat des terres de la steppe mongole.
La découverte du cadavre d'une autre fillette va le replonger dans les mêmes tourments. Dans un pays à l'histoire et aux paysages sauvages, une guerre sale d'argent et de pouvoir s'est déclarée autour d'une des richesses minières les plus rares et les plus convoitées de la planète.
Pour lutter contre les puissances qui veulent s'accaparer son pays, Yeruldelgger va puiser ses forces dans les traditions héritées des guerriers de Gengis Khan, dans les techniques modernes d'investigation, et dans la force de ses poings.
Parce qu'un homme qui a tout perdu ne peut rien perdre de plus. Il ne peut que tout reconquérir. Peu à peu, sans pitié ni pardon...
Encore une lecture marquante et remarquable que ce Yeruldelgger ! Décidemment, mes lectures estivales (et oui je continue de rattraper mon retard de chroniques !) auront été des plus fructueuses…
Avec ce polar, c’est un autre voyage qui m’attendait, et celui-ci vers une contrée particulièrement méconnue, que ce soit d’un point de vue géographique et culturel : la Mongolie.
Ce qui est vraiment génial avec des auteurs comme Ian Manook (et autres Caryl Férey et Olivier Truc), c’est cette habilité à s’exiler et à s’enraciner dans un lieu exotique pour y établir une fiction totalement imprégnée du lieu et de la société accueillante, mais aussi cette capacité à utiliser le polar pour mieux familiariser et passionner son lecteur vers une culture inconnue.
Dans ce type de récit – attendu que nous parlons d’un polar/thriller - décrire les beaux paysages et dresser des portraits réalistes des autochtones ne suffisent pas à produire un récit alléchant pour tout amateur du genre. Il faut être sacrément fort quand on veut transposer ce type d’intrigue dans un pays comme la Mongolie car crédibilité oblige, il vaut mieux sacrément se documenter avant toute esquisse de l’histoire.
Pari grandement réussi avec ce « Yeruldelgger » ! Ce livre est captivant par son intrigue, dépaysant par la qualité de narration et de description de l’auteur. L’immersion dans la culture mongole est totale, la réflexion sur la transition du pays est passionnante, les découvertes culinaires suscitent curiosité (m’intrigue beaucoup ce thé au beurre salé, faut que je goûte !).
Autre grande contribution à la réussite : la qualité des personnages. C’est le cas ici avec des femmes qui sont dures, bouleversantes et très déterminées. Le personnage de Yeruldelgger est très fort, sorte de héros mystique toujours borderline mais très attachant. Son côté illuminé a parfois dérangé l’athée occidentale que je suis… mais si peu, on a vraiment envie de parcourir les steppes à ses côtés, loin de cette violente transformation de la civilisation mongole, qui se fait asservir, spolier de des richesses et au final, déposséder de son âme.
Les rêves n’appartiennent ni à ceux qui les font ni à ceux qui les lisent. Ils sont juste un lien invisible entre les âmes et les cœurs.
Dans cette ville de pierre et de poussière qui devenait aujourd'hui de verre et de béton, dans ce pays qui avait coupé tant d'arbres qu'il en avait inventé des déserts, Solongo avait fait de son carré de terre un jardin de verdure.
Vraiment, ce fut une lecture dépaysante, enrichissante, enivrante, captivante, détonante… qui ne peut que donner envie de lire la suite ! J’ai donc vraiment hâte de retrouver ce héros des steppes !