Arab Jazz, de Karim MISKE
RESUME
Ahmed Taroudant, jeune marginal, ne lit que des polars. Quand il trouve sa voisine pendue à son balcon, un rôti de porc à ses côtés, il sort de sa léthargie. Est-ce le meurtre symbolique d’un fou de Dieu ? Avec Rachel Kupferstein et Jean Hamelot, flics cinéphiles et torturés, Ahmed enquête au cœur d’un 19e arrondissement cosmopolite où ripoux, caïds et fondamentalistes se livrent une guerre sans pitié.
Mon Avis
J'ai enfin attaqué ma sélection de polars pour les éditions POINTS. "Arab Jazz" est donc mon entrée en matière et ma foi, ce fut agréable lecture mais loin du coup de coeur...
Malgré un début un peu trop chargé de références qui fait traîner le lancement de l'histoire et soulève quelques points de confusion, je me suis laissée entraîner dans cette intrigue complexe. Les thématiques sont plutôt originales et tout à fait dans l'air du temps. Il y est question de fondamentalisme religieux, de dérive sectaire, de nouvelles drogues. J'ai beaucoup apprécié le modernisme du contexte et la traversée des quartiers cosmopolites. Il y a un beau melting pot de personnages, car les protagonistes sont nombreux, hauts en couleur et parfois très inquiétants...mais mais mais, je reste sur ma faim concernant l'épaisseur des personnages. Ils sont intéressants par certains côtés, ils sont noirs et sombres, mais aussi pas mal décalés. Mais les relations entre eux m'ont laissée un peu perplexe. Je doute d'une probable idylle entre Ahmed et Rachel, j'ai trouvé cela plutôt incohérent et malvenu pour donner de la consistance aux personnages et à l'histoire. De même, les ripoux sont très stéréotypés et du coup, pas très crédibles. Peut-être que je me trompe, mais j'ai souvent eu l'impression que ces personnages seraient récurrents dans de futures histoires de l'auteur et que c'est pour cette raison qu'il en garde sous le capot, histoire de garder de la matière pour la suite. L'avenir nous le dira...
Le gros bémol de ce livre a été pour moi le fait que l'auteur dévoile les auteurs du crime au 2/3 du livre cassant ainsi le suspense. Il y a comme une sensation de précipitation à conclure. Les événements du final sont survolés et légèrement bâclés à mon goût, d'où un sentiment mitigé.
En conclusion, je dirais que ce polar se lit bien car le rythme est rapide et le style direct mais il n'est pas révolutionnaire. L'intérêt principal restera pour moi le côté documentaire autour des différentes communautés. Dommage cependant, que certains termes ne soient pas expliqués car tout le monde ne maîtrise pas la terminologie des différentes confessions évoquées.