Notre part de nuit, de Mariana ENRIQUEZ

Publié le par Livres Emois Livres et Vous

Notre part de nuit, de Mariana ENRIQUEZ
RESUME

Un père et son fils traversent l’Argentine par la route, comme en fuite. Où vont-ils ? À qui cherchent-ils à échapper ?
Le petit garçon s’appelle Gaspar. Sa mère a disparu dans des circonstances étranges. Comme son père, Gaspar a hérité d’un terrible don : il est destiné à devenir médium pour le compte d’une mystérieuse société secrète qui entre en contact avec les Ténèbres pour percer les mystères de la vie éternelle.
Alternant les points de vue, les lieux et les époques, leur périple nous conduit de la dictature militaire argentine des années 1980 au Londres psychédélique des années 1970, d’une évocation du sida à David Bowie, de monstres effrayants en sacrifices humains.

Mon Avis

Je me faisais une joie de découvrir ce roman plébiscité par beaucoup et surtout, qui me proposait un voyage en Argentine des années 70. Je ne lis pas beaucoup de littérature d’Amérique du Sud et le résumé m’intriguait malgré l’appréhension du côté surnaturel.
Et j’avais raison car les aspects gothiques et très fantastiques auront été un frein permanent dans cette lecture. Je n’ai pas réussi à me faire embarquer dans l’histoire, ce type d’univers mystique m’est totalement hermétique... Autant vous dire que les 747 pages m’ont paru longuissimes... mais je suis allée au bout de l’histoire, j’ai voulu faire l’effort pour me faire un avis fondé de ce livre qui, je le répète, a connu un énorme succès et a été beaucoup récompensé. 
Avec ce roman, on traverse quelques décennies de l’histoire argentine qui auront été pour moi, le contenu le plus intéressant et le plus passionnant. On suit Juan, medium et père du jeune Gaspar, qui sont en fuite. Ils fuient une espèce de secte à laquelle seuls des privilégiés ont accès. Comme un monde de noirceur parallèle dont Juan est le leader. Le pacte scellé avec les forces obscures n’apporte que rituels cruels et sordides, visions et disparitions inexpliquées. Le besoin de fuir amène Juan à tout faire pour que son fil ne soit jamais son successeur. Mais, là, très vite, j’ai décroché face au comportement de ce père qui, sous couvert de protéger son enfant, se montre d’une extrême cruauté physique et psychologique. 
Au-delà de l’attitude du père, ce qui m’a je pense le plus déstabilisée, c’est de n’avoir, à aucun moment, eu le sentiment d’avoir une explication sur les raisons de cette cruauté et sur les desseins de l’Ordre. Cette brèche dans ce monde parallèle révèle la part d’inhumanité des Initiés mais les raisons de la dévotion et éventuellement l’objectif des membres restent obscures. Juan est un personnage assez détestable du début à la fin, un homme dont je n’ai pas perçu une once d’humanité. On ne comprend jamais pourquoi il tient tant à cacher son don à son fils. Par ailleurs, en voulant le tenir loin de cette secte, il le confronte à ses propres démons et le fait assister à sa glauque autodestruction, ce qui n’est pas forcément ce que l’on attend d'un père en termes de bienveillance protectrice. Cet enfant grandit dans un désarroi de la perte de sa mère et de la cruauté de son père... une tragédie.
Je pense que ce type n’univers à cheval entre surnaturel et réalité est difficilement abordable pour mon cerveau rationnel. La plume ne m’a pas semblé exceptionnelle non plus donc je ressors de cette lecture avec un sentiment très mitigé et surtout avec la déception de n’avoir pas su m’acclimater à cet univers.

Info Auteure

Mariana Enríquez, née en 1973 à Buenos Aires (Argentine), est une journaliste, romancière et nouvelliste argentine. Elle fait partie du groupe d'écrivains connu sous le nom de « nouveau récit argentin ».
Elle travaille comme journaliste et est rédactrice en chef adjointe de la section arts et culture du journal Página/12 et elle propose des ateliers de littérature à la Fondation Tomás Eloy Martínez.
Elle publie les romans « Bajar es lo peor » (Espasa Calpe, 1995), « Cómo desaparecer completamente » (Emecé, 2004) et « Nuestra parte de noche (es) » (Anagrama, 2019). Elle écrit également les nouvelles « Los peligros de fumar en la cama » (Emecé, 2009), « Las cosas que perdimos en el fuego (es) » (Editorial Anagrama, 2016) et le roman court « Chicos que vuelven » (Eduvim, 2010). Ses histoires paraissent dans des anthologies d'Espagne, du Mexique, du Chili, de Bolivie et d'Allemagne
 

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