La décision, de Karine TUIL

RESUME

Mai 2016. La juge Alma Revel doit se prononcer sur le sort d'un jeune homme suspecté d'avoir rejoint l'État islamique en Syrie. À ce dilemme professionnel s'en ajoute un autre, plus intime : mariée, Alma entretient une liaison avec l'avocat qui représente le mis en examen. Entre raison et déraison, ses choix risquent de bouleverser sa vie et celle du pays...
Karine Tuil nous entraîne dans le quotidien de juges d'instruction antiterroristes, au cœur de l'âme humaine, dont les replis les plus sombres n'empêchent ni l'espoir ni la beauté.

Mon Avis

Une lecture recommandée par mes amis du club de lecture et encore une fois, ce fut une excellente recommandation.
Je n’avais pas encore découvert la plume de Karine Tuil et je dois avouer que j’ai été percutée par sa sensibilité, son acuité et toute la pertinence des interrogations qu’elle soulève.
Un sujet hautement d’actualité qu’il était assez risqué de traiter sous cet angle. Alma, juge d’instruction à la section anti-terroriste est chargée de statuer sur le niveau de radicalisation d’un jeune homme tout juste rentré d’un séjour en Syrie avec sa femme. Le jeune homme affirme aspirer à une vie de famille tranquille et s’être fait roulé dans la farine par l’État Islamique. Pour Alma, il s’agira de décortiquer la pensée et le niveau de sincérité du jeune homme à travers des interrogatoires et des témoignages de proches. 
L’enjeu est crucial. Faut-il le remettre en liberté – au risque de créer un risque terroriste majeur ? Faut-il le maintenir en détention – au risque de créer un risque de velléité accrue des intégristes, d’étendre la contamination ou tout simplement de créer une injustice ? Quelle que soit la décision, le risque est latent et les dilemmes hautement pesants. 
Comment garder la tête froide dans cette quête de vérité ? Toute la difficulté d’appréciation est formidablement rendue par le texte précis et déstabilisant de Karine Tuil. Difficile de se dire quelle serait notre décision tant l’enjeu est fort. Nos seuls repères sont bien minces car notre vision en tant que lecteurs ou spectateurs du journal télévisé est bien succincte et superficielle. L’auteure montre ici toutes les incertitudes à poser un diagnostic juste dans un contexte de doute et de terreur, à se forger une intime conviction sans jugement hâtif, en se basant sur les faits et en se tenant à distance de tout sentiment humain. 
Occuper une telle fonction nécessite un engagement inconcevable pour les citoyens que nous sommes. Comme on le voit dans ce livre, la vie personnelle en est fortement impactée et aussi peu enviable que puisse être sa position, ce personnage de femme tiraillée par les multiples enjeux de sa vie est juste captivant. Une lecture éclairante mais forcément oppressante. 

Info Auteure

Née le 3 mai 1972 à Paris, Karine Tuil est une romancière française.
Diplômée d'un DEA de droit de la communication/Sciences de l'information de l'Université Paris II-Assas, elle exerce la profession de juriste et prépare une thèse de doctorat (qu'elle ne soutient pas) en écrivant parallèlement des romans.
En 2003, Karine Tuil rejoint les Éditions Grasset où elle publie son 4ème roman "Tout sur mon frère" qui explore les effets pervers de l'autofiction (nommé pour les Prix des libraires et finaliste du prix France Télévision). En 2005, elle renoue avec la veine tragi-comique en publiant "Quand j'étais drôle" qui raconte les déboires d'un comique français à New-York. En 2007, Karine Tuil quitte le burlesque pour la gravité en signant "Douce France", un roman qui dévoile le fonctionnement des centres de rétention administrative.
En 2008, sort son septième roman, "La domination", pour lequel elle reçoit la Bourse Stendhal du ministère des Affaires étrangères. Il évoque les jeux de pouvoir dans le milieu de l'édition à travers les prismes de l'identité. Il a fait partie des premières sélections du prix Goncourt, prix Goncourt des lycéens et du prix de Flore.
En 2010, son roman "Six mois, six jours" fait partie de la première et deuxième sélection du prix Goncourt 2010, de la première sélection du prix Interallié et du prix Goncourt des lycéens. Il a obtenu en 2011, le prix du Roman-News.
Son neuvième roman intitulé "L'Invention de nos vies" paraît en septembre 2013 à l'occasion de la rentrée littéraire aux éditions Grasset. Il figure dans plusieurs sélections de prix littéraires parmi lesquels le prix Fémina, l'Interallié, le prix Goncourt, Goncourt des lycéens, le prix des libraires.
Finaliste du prix Goncourt, il obtient le Prix littéraires Les Lauriers Verts-Roman 2013. "L'invention de nos vies" est traduit dans plusieurs pays parmi lesquels la Grande-Bretagne, les États-Unis, le Canada, l'Italie, la Chine, la Grèce, les Pays-Bas, l'Allemagne.
En avril 2014, Karine Tuil a reçu les insignes de chevalier de l'ordre des arts et des lettres.
En août 2016, à l'occasion de la rentrée littéraire, paraît en librairie "L'insouciance" aux éditions Gallimard. En octobre de la même année, elle a obtenu le prix Landerneau des lecteurs.
Le 13 novembre 2019, son roman "Les choses humaines" reçoit le Prix Interallié. Le lendemain, le roman reçoit le Prix Goncourt des lycéens