Mortelles Voyelles, de Gilles SCHLESSER

Publié le par Le Monde de Sylvie

 

RESUME :

Mortelles VoyellesOxymor Baulay, journaliste parisien quinquagénaire, écrivain à ses heures et grand spécialiste des figures de rhétorique, se fait passer pour un sans abri, le temps d'un reportage en immersion dans les rues de la capitale. Il fait la connaissance d'un certain Vaïda qui déclare être le fils du dernier roi des Gitans. Après un repas arrosé, le sans abri lui propose un curieux échange : contre une cartouche de cigarettes, Vaïda promet au journaliste de lui céder un manuscrit retrouvé dans une valise abandonnée sur un trottoir. Par curiosité, Baulay accepte la transaction. Le manuscrit intitulé "A noir", en référence au poème "Voyelles" de Rimbaud n'est pas une histoire banale. Il s'agit d'un roman sordide et dérangeant, articulé autour de cinq meurtres de femmes, assassinées de la même manière. Mais ce qui va attirer l'attention du journaliste, fin connaisseur de la langue, c'est la structure même du roman. Le verbe être n'est jamais utilisé et la lettre "y" est absente. Ses recherches vont le conduire chez un groupe d'Oulipiens, sorte d'association littéraire qui se réunit régulièrement et qui pourra peut-être lui offrir de nouvelles pistes. Entre-temps, le journaliste décide de contacter son ami et éditeur Paul, lui confie le manuscrit, celui-ci s'avoue très intéressé. Quand le roman est publié au début de l'été suivant, il devient un phénomène de librairie et des événements se sont déjà produits : Vaïda est retrouvé assassiné dans le campement des gitans et Oxymor découvre bientôt que les meurtres du manuscrit ont été réellement commis trente ans plus tôt, à la fin des années soixante-dix, par un serial-killer surnommé Hamlet...

 

Mon Avis :

Sympathique polar littéraire où rhétorique et figures de style tiennent une place prépondérante. L’intrigue est plutôt bien ficelée et passionnante, d’autant que le principal protagoniste, Oxymor, est aussi entêté et casse-pied qu’il est séduisant. Au travers du personnage de Mistraki, le monde de l’édition est dépeint de façon bien peu flatteuse - avec les amitiés superficielles et intéressées qui s’y rattachent. Je pense néanmoins qu’un peu plus d’approfondissement sur les fondements de l’affaire aurait été souhaitable car le dénouement laisse un certain goût d’inachevé. J’aurais vraiment voulu en savoir plus sur Hamlet.

J’ai adoré le récit poétique parfois et tout en subtilité grâce au jeu littéraire autour de Rimbaud et de Shakespeare. Je n’ai certes pas retenu tous ces mots  savants mais certains sont plus marquants et resteront en tête… zeugma, l’oxymoron bien sûr… Bref, un polar très instructif !

 

Publié dans J'ai beaucoup aimé

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