Viol, de Joyce Carol OATES

Publié le par Livres Emois Livres et Vous

Viol, de Joyce Carol  OATES
RESUME :

Ils étaient cinq. Complètement ivres, drogués, l'ordinaire de leurs samedis soirs... Peut-être encore plus excités ce samedi-là, un 4 juillet. Et, vers minuit, la belle Tina Maguire, après avoir célébré la fête nationale chez des amis, a eu le malheur de couper court à travers le parc pour rentrer plus vite chez elle avec sa gamine Bethie, 12 ans. Ils l'ont laissée pour morte dans le hangar à bateaux. Une tournante comme on n'ose pas en imaginer, une abomination à laquelle a assisté Bethie, réfugiée derrière un tas de vieux canoës, avant de se traîner jusqu'à la route pour appeler au secours, et ainsi sauver sa mère.
Sauver? En fait, dès l'avant-procès, l'attitude du juge et les propos de l'avocat des voyous ont massacré Tina une seconde fois. Un avocat de haut vol, payé à prix d'or, qui, malgré des preuves accablantes, a brandi l'argument qui fait mouche, clamant haut et fort ce que certaines bonnes âmes pensaient tout bas : elle l'a bien cherché... ça lui pendait au nez...
Elle risque désormais de mourir pour de bon, Tina. Et Bethie, face à l'état de sa mère – et aux menaces des violeurs furieux d'avoir été reconnus –, ne peut que prier pour l'intervention miraculeuse d'un ange vengeur. Or il est là, dans l'ombre. Un flic épris de justice. Épris tout court. Le héros silencieux d'une histoire d'amour peu banale, racontée avec une éblouissante violence par une Joyce Carol Oates à son meilleur.

Mon Avis

Que dire en tout premier lieu si ce n’est que la lecture de ce roman est un véritable uppercut. 
Avec ce titre, bien évidemment on aborde un thème ultra-sensible. L’écriture de Joyce Carol Oates est très factuelle et incisive ; elle laisse peu de place à l’émotion car l’important est après tout de dire les choses, de dénoncer les comportements afin de ne laisser aucune chance aux agresseurs.
Ce sont des portraits sans concession qui sont dressés… normal au vu de comportement bestial des hommes… et encore, un animal va-t-il si loin dans la violence et dans le vice. Le simple fait de questionner donne la réponse… 
La terrible scène du viol est absolument glaçante. La suite le reste tout autant avec non pas la compassion et le réconfort attendus mais la puanteur des rumeurs, les jugements hâtifs et infondés, la vindicte populaire contre une femme que la société voudrait plus conventionnelle, et pire… le crime de lèse-majesté d’avoir osé mettre en lumière les méfaits de bons petits gars ricains un soir de 4 juillet bien arrosé (eux, ils ont le droit !). C’est forcément la faute de cette femme, logique implacable d’une société qui montre du doigt et qui décide d’achever la victime.
Ce récit est révoltant et très révélateur des sociétés occidentales (je ne me limiterais pas à dire que c’est typique des Américains car la portée est bien plus universelle). JCO dénonce l’aveuglement et les préjugés qui vérolent les relations humaines et empêchent la claire-voyance au point de ne plus reconnaître une victime. Comme nos sociétés dites évoluées sont affligeantes sous certains aspects ! Un roman dur, qui écœure mais qu’il ne faut pas hésiter à ouvrir. Il est d’utilité publique à n’en pas douter…
 

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B
JCO a toujours un regard acéré et juste sur la société américaine, occidentale pour faire large. Tu me donnes envie de me plonger dans un de ses nombreux ouvrages.Je vois que j'ai dans ma biblipal "Haute enfance" et "premier amour". Les as- tu lus? Prends soin de toi dans ce contexte si particulier
Répondre
L
Oui c'est vrai qu'elle est percutante. Je n'ai pas lu les livres que tu cites mais dans ma PAL, j'ai Mudwoman à lire de cette auteure. Je te souhaite de même en cette période difficile, prends bien soin de toi et des tiens... et bien sûr, bonnes lectures !