L'enragé, de Sorj CHALANDON

Publié le par Livres Emois Livres et Vous

L'enragé, de Sorj CHALANDON
RESUME

« Je n’ai pas le droit aux sentiments. Les sentiments c’est un océan, tu t’y noies. Pour survivre ici, il faut être en granit. Pas une plainte, pas une larme, pas un cri et aucun regret. Même lorsque tu as peur, même lorsque tu as faim, même lorsque tu as froid, même au seuil de la nuit cellulaire, lorsque l’obscurité dessine le souvenir de ta mère dans un recoin. Rester droit, sec, nuque raide. N’avoir que des poings au bout de tes bras. Tant pis pour les coups, les punitions, les insultes. S’évader les yeux ouverts et marcher victorieux dans le sang des autres, mon tapis rouge. Toujours préférer le loup à l’agneau. »
Dans la nuit du 27 août 1934, cinquante-six gamins se révoltent et s’échappent de la colonie pénitentiaire pour mineurs de Belle-Île-en-Mer. Voici ouverte la chasse aux enfants. Tous sont capturés. Tous ? Non : aux premières lueurs de l’aube, un évadé manque à l’appel. Voici son histoire…

Mon Avis

Je précise d’emblée que j’ai fait cette lecture en audio, et peut-être que c’est la raison pour laquelle, je reste sur une impression mitigée vis à vis de ce roman.
Dès sa sortie, je l’ai vite acheté car le sujet (la colonie pénitentiaire pour enfants de Belle-île) m’intéressait beaucoup mais très vite, quelque chose clochait dans la narration et me mettait à distance. 
L’auteur nous plonge au début des années 30 à Belle-Ile, dans ce que l’on appelle encore le « bagne pour enfants » et dont on préfère taire l’histoire. Le héros de ce roman, Jules Bonneau y vit une enfance de misère et de violence après avoir déjà subi l’abandon parental. La première partie du roman nous raconte le contexte de vie de ces colons, la violence et les sévices quotidiens, la faim, l’épuisement, l’exploitation, tout y passe et nous fend le coeur.
Puis, l’heure de la révolte sonne et les enfants se lancent dans une hasardeuse évasion… seul Jules ne sera pas repris. 
La rencontre avec un patron pêcheur et sa femme sera son salut malgré son côté indomptable, et des liens vont se forger au fil du temps. Par le biais de ces personnages (et de bien d’autres), l’auteur viendra aborder des thèmes assez forts mais son approche assez manichéenne me laisse sur un sentiment mitigé. 
La version audio de ce livre m’a quelque peu déçue en raison du lecteur dont la diction emphatique m’a beaucoup dérangée. Pourtant, j’ai aussi compris que la prose de Chalandon méritait cette emphase dans l’expression. Ce qui n’allait pas, c’était bel et bien les mots et les envolées qui ne seyaient pas au personnage de Jules Bonneau dit « La Teigne ». Ni son instruction, encore moins ses combats intérieurs ne collaient avec les propos, ce qui au final n’a pas généré l’empathie attendue.
Une légère déception donc pour ce roman, mais ce n’est que mon humble ressenti...

Info Auteur

Né le 16 mai 1952,  Sorj Chalandon est un journaliste auteur français.
Il a été journaliste au quotidien "Libération" de 1974 à février 2007. Membre de la presse judiciaire, grand reporter, puis rédacteur en chef adjoint de ce quotidien, il est l'auteur de reportages sur l'Irlande du Nord et le procès de Klaus Barbie qui lui ont valu le prix Albert-Londres en 1988. Depuis 2009, Sorj Chalandon est journaliste au "Canard enchaîné", ainsi que critique cinéma.
Il est devenu un auteur reconnu grâce notamment à "Une promesse", qui obtint le prix Médicis en 2006, "Retour à Killybegs" couronné en 2011, par le Grand Prix du roman de l'Académie Française et "Le Quatrième mur", roman qui permis à Sorj Chalandon d'être lauréat du prix Goncourt des Lycéens en 2013.
En 2010, Sorj Chalandon apparut en dernière partie du film documentaire de Jean-Paul Mari "Sans blessures apparentes".
De 2008 à 2012, Sorj Chalandon fut le parrain du Festival du Premier Roman de Laval, organisé par Lecture en Tête. Depuis 2013 il est le Président du Jury du Prix Littéraire du Deuxième Roman.
En 2015, il publie "Profession du père", une oeuvre romanesque où il s’inspire de sa propre enfance.
En 2017, il publie le roman "Le Jour d'avant"", sur la catastrophe minière de Liévin-Lens qui a fait 42 morts le 27 décembre 1974.
En 2019, paraît "Une joie féroce", qui obtint un grand succès commercial.
"Mon traître", "Retour à Killybegs" et "Le quatrième mur", ont été adaptés en bande dessinée.
 

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