Confidences à Allah, de Saphia AZZEDDINE
RESUME
Comment devenir libre quand tout vous destine à la soumission ? Comment rester debout face aux hommes et à Dieu ?
Vers qui se tourner quand on vit dans la misère ? À qui parler lorsqu'on est perdu et rejeté par la société ? Jbara, petite bergère des montagnes du Maghreb, choisit Allah. Dans un monde qui ne voulait pas d'elle, Il deviendra son unique confident. C'est à Lui que s'adresse ce monologue fiévreux et enragé, où l'humour perce souvent, celui d'une jeune fille qui tente d'échapper à l'enfermement.
Mon Avis
Adeptes de la prose littéraire et du style raffiné, passez votre chemin… Ici le langage est cru, voire obscène. Mais, cette écriture dérangeante vise bel et bien à réveiller les consciences, et elle y parvient. Cette lecture provoque un électrochoc salutaire !
Ce petit livre très court (127 pages en poche – clin d’œil à Clairette !!) se lit d’un trait. C’est un monologue dans lequel Jbara s’adresse à Allah pour s’insurger contre l’oppression des femmes, revendiquer le droit d’exister par elles-mêmes, mais aussi tenter de comprendre les relations entre l’homme et la religion… Les mots sont difficiles et provocants mais ils prennent aux tripes et font mal dans certaines situations (son accouchement par exemple).
Il est ici question de la dignité, ou plutôt de l’absence de dignité. C’est un trait qu’aucun personnage ne possède, pas même l’héroïne, faute d’éducation sans doute… Quel dépit pour elle aussi de voir ainsi les hommes (et les femmes) noyés dans le fanatisme et la croyance naïve. Elle n’en cesse pas pour autant de croire et de respecter Allah, car elle puise sa foi dans le bon sens et la lucidité face aux événements. Tout au long du livre, elle s’accroche éperdument à la religion et y trouve réconfort et force d’avancer. Son amour d’Allah est sans concession, sans crainte, sans influence, avec le plus grand naturel. Finalement, être reniée par sa famille va exacerber son envie d’indépendance et d’exister en tant qu’être à part entière, ce qui ne se fera pas sans mal…
C'est le second livre de cette auteure que je lis. Je m'étais déjà régalée avec "La Mecque-Phuket" et cette fois encore, je ne suis pas déçue. Je recommande vraiment la lecture de ce livre, et surtout, ne renoncez pas à cause du langage, car le texte est bien plus profond qu’il n’y paraît…
Un avant-goût en citations…
« "haram" doit être un mot inventé par l'homme pour brider les femmes »
« Allah je refuse que Tu sois un Dieu bouche-trou, que Tu sois la réponse à toutes mes questions et spécialement la réponse à mes ignorances Sinon, ça fait de moi une conne. Et je ne suis pas une conne. Sauf des fois, c'est vrai... »