Les simples, de Yannick GRANNEC

RESUME

1584, en Provence. L’abbaye de Notre-Dame du Loup est un havre de paix pour la petite communauté de bénédictines qui y mène une existence vouée à Dieu et à soulager les douleurs de Ses enfants. Ces religieuses doivent leur indépendance inhabituelle à la faveur d’un roi, et leur autonomie au don de leur doyenne, sœur Clémence, une herboriste dont certaines préparations de simples sont prisées jusqu’à la Cour.
Le nouvel évêque de Vence, Jean de Solines, compte s’accaparer cette manne financière. Il dépêche deux vicaires dévoués, dont le jeune et sensible Léon, pour inspecter l’abbaye. À charge pour eux d’y trouver matière à scandale ou, à défaut... d’en provoquer un. Mais l’évêque, vite dépassé par ses propres intrigues, va allumer un brasier dont il est loin d’imaginer l’ampleur.
Il aurait dû savoir que, lorsqu’on lui entrouvre la porte, le diable se sent partout chez lui. Évêque, abbesse, soigneuse, rebouteuse, seigneur ou souillon, chacun garde une petite part au Malin. Et personne, personne n’est jamais aussi simple qu’il y paraît.

Mon Avis

Derrière ce titre assez mystérieux, se cache tout l’univers des plantes médicinales tant prisées à l’époque médiévale. Une passerelle pour nous faire pénétrer dans l’antre des bénédictines de Notre Dame du Loup, nous faire découvrir leur vie monacale dans cet environnement austère, à la merci des convoitises du clergé séculier et régulier. 

L’histoire se déroule à la fin du 16ème siècle dans la rudesse de cette période médiévale si agitée. Les nonnes de l’abbaye y cultivent les simples, ces plantes aux milles vertus et consignent les secrets et savoirs afin de les transmettre aux novices. Mais le commerce de telles plantes intéresse au plus haut point le clergé qui voudrait en avoir le plein contrôle.
Alors, des émissaires seront envoyés à l’abbaye pour « se renseigner » et tenter de s’approprier les connaissances capitalisées.
Ce sera l’occasion de découvrir l’intelligence pratique de ces femmes peu instruites et qui n’ont pas forcément choisi leur destin de claustration. Elles vont devoir engager une lutte intestine pour conserver savoirs et droits car les intrigants en tout genre rôdent et la malveillance et la convoitise mènent aux pires conspirations. La lutte est interne car même si l’on imagine cette vie monacale apaisée, il n’en est rien. Des jalousies et des luttes de pouvoirs viennent affaiblir la résistance que ces femmes doivent mettre en œuvre pour la lutte extérieure contre les hommes du clergé qui n’entendent pas laissé des femmes prendre trop de pouvoir par leur savoir de guérisseuses… 

A travers le récit de Yannick Grannec – particulièrement bien documenté – on découvre beaucoup de choses sur l’organisation cléricale, la vie austère de ces femmes, leur condition globale dans la société de l’époque. Une histoire qui ne va certainement pas me réconcilier avec la religion ! 
Ce récit parfaitement étayé est servi par une plume poétique et très élégante. Une auteure qui possède un véritable talent de conteuse…

Info Auteure

Yannick Grannec est graphiste et illustratrice de métier.
Après un bac scientifique et des études artistiques, elle rejoint l'École nationale supérieure de création industrielle (ENSCI) où elle obtient en 1994 un diplôme de designer industriel.
Auteur de quelques livres jeunesse, passionnée de mathématiques, elle publie en 2012 son premier roman "La déesse des petites victoires", pour lequel elle obtient le prix des libraires en 2013.
En 2016, "Le Bal mécanique" reçoit le prix du deuxième roman.
Elle vit aujourd'hui à Saint-Paul de Vence où elle se consacre à l'écriture.